Le coliving, ou cohabitation partagée, connaît un essor spectaculaire ces dernières années. Est-ce le futur de l’immobilier urbain ? Cet article décrypte ce nouveau mode d’habitat qui séduit de plus en plus d’urbains, notamment les jeunes actifs et les expatriés.
Qu’est-ce que le coliving ?
Le coliving est une forme d’habitat qui consiste à partager un logement avec plusieurs personnes tout en ayant sa propre chambre. Il s’agit d’une évolution du concept de colocation, avec une attention particulière portée sur les espaces communs et les services proposés. Les résidences de coliving offrent ainsi des espaces de travail, des salons, des cuisines équipées, et parfois même des équipements sportifs ou culturels. L’idée est de favoriser la convivialité, les échanges et l’entraide entre les résidents.
Les raisons du succès du coliving
Plusieurs facteurs expliquent l’engouement pour le coliving. Tout d’abord, la crise du logement dans les grandes villes rend difficile l’accès au logement pour une grande partie de la population. Les prix élevés des loyers et la concurrence féroce pour trouver un appartement ont poussé les jeunes actifs et étudiants à se tourner vers cette alternative moins chère et plus flexible.
Ensuite, le coliving répond à un besoin de sociabilité. Les nouvelles générations, souvent qualifiées de « digital natives », sont en quête d’authenticité et aspirent à sortir du virtuel pour retrouver des relations humaines plus authentiques. Le coliving offre donc un cadre propice aux échanges et à la création de liens sociaux.
Enfin, le coliving séduit par sa flexibilité. Les résidents peuvent choisir la durée de leur séjour et bénéficier d’un grand nombre de services inclus dans le loyer. Cette formule est particulièrement adaptée aux expatriés et aux travailleurs nomades, qui cherchent un hébergement temporaire sans les contraintes d’une location classique.
Le coliving, un marché en pleine croissance
Cette tendance n’a pas échappé aux investisseurs et aux promoteurs immobiliers. De nombreuses start-ups se sont lancées sur ce créneau, comme WeLive, filiale du géant américain WeWork, ou encore le français Colonies. Ces entreprises proposent des résidences haut de gamme avec des services premium (conciergerie, entretien ménager, animations…).
Selon une étude réalisée par JLL, cabinet international de conseil en immobilier d’entreprise, le marché du coliving en Europe pourrait atteindre 4 milliards d’euros d’ici 2025, soit une croissance annuelle de 20 %.
Les défis et les limites du coliving
Cependant, le coliving soulève aussi des questions. Certains y voient un phénomène d’exclusion de la jeunesse, qui n’a pas les moyens d’accéder au logement traditionnel. Par ailleurs, les résidences de coliving sont souvent situées dans les quartiers centraux et tendance des grandes villes, ce qui peut accentuer la gentrification et l’éviction des populations les moins aisées.
Le coliving doit également faire face à une concurrence croissante. D’autres modèles d’habitat partagé émergent, comme les résidences pour seniors, les foyers intergénérationnels ou encore les cohousing, qui reposent sur un mode de vie plus participatif et solidaire.
Enfin, le coliving doit s’adapter aux spécificités culturelles et réglementaires de chaque pays. Les normes en matière d’urbanisme, de sécurité et de droit du travail varient d’un pays à l’autre et peuvent entraver le développement du coliving à l’international.
Vers un nouvel urbanisme ?
Même si le coliving est encore loin de représenter la majorité du marché immobilier urbain, il témoigne d’une évolution profonde des modes de vie et des aspirations des habitants. Le succès du coliving pourrait inciter les acteurs publics et privés à repenser l’aménagement urbain et à favoriser la mixité sociale, fonctionnelle et générationnelle dans les nouveaux projets immobiliers.
Ainsi, le coliving pourrait contribuer à construire des villes plus inclusives, vivantes et durables. Mais pour cela, il faudra dépasser les clivages et les oppositions entre les différents modèles d’habitat et travailler ensemble à la construction d’un urbanisme résilient et solidaire.
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